Réforme du Congé Parental : Le MMM écrit à Monsieur Valls

La réforme du congé parental est entré en vigueur le 1er octobre dernier. Afin de promouvoir l’égalité des hommes et des femmes, le gouvernement a fait le choix de réduire la durée du congé parental des mères des enfants nés ou adoptés depuis 1er octobre 2014. Ainsi, l’objectif affiché est d’inciter les pères à demander un congé qu’ils pouvaient pourtant prendre, congé demandé à 97% par les mamans aujourd’hui.

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Pour les enfants nés avant le 1er octobre

Pour tout parent ayant un enfant né avant le 1er octobre 2014, le congé parental pouvait être pris à temps partiel ou à temps plein. Le complément de libre choix d’activité (CLCA), aide de la CAF attribué au parent en congé parental, permettait de compenser partiellement son salaire durant six mois pour un premier enfant, et jusqu’aux trois ans de l’enfant à partir du deuxième enfant.

Ce qui change pour les enfants nés après le 1er octobre

Depuis le 1er octobre 2014, la prestation partagée d’éducation de l’enfant (ex CLCA) sera versée comme avant, durant six mois pour un premier enfant, mais pourra être rallongée de six mois si le second parent en fait la demande. A partir du second enfant cependant, la prestation partagée d’éducation de l’enfant est diminuée de douze mois pour un même parent (dix huit mois selon certaines sources), et pourra être versée jusqu’à trois ans seulement si le second parent demande ce congé à son tour.

Pour résumer, le congé parental passe de six mois à un an pour un premier enfant, et de trois ans à deux ans voire dix huit mois dès le second enfant. La répartition père-mère n’est pas définie de manière définitive. Rien ne change cependant pour les familles monoparentales. Les personnes assumant seules la charge de leurs enfants pourront toujours prétendre au versement de la prestation trois ans durant dès leur second enfant.

Ce qui pose problème pour 8 foyers sur 10

97% des parents qui demandent un congé parental sont aujourd’hui des femmes. Et pour cause. Dans huit familles sur dix, le père a un salaire plus important que celui de la mère, salaire dont le foyer ne peut se passer. De ce fait, cette mesure pourrait pénaliser les femmes, mais surtout leurs enfants.

Comme la majorité des pères renoncent à ce congé pour des raisons financières, les économies attendues sont de l’ordre de dizaines voire de centaines de millions d’euros par an selon les sources. Tenons-nous ainsi une des véritables motivations du gouvernement sous couvert d’égalité des sexes ? Explication intéressante lorsqu’on sait que dans le même temps les allocations familiales et les aides à la garde d’enfant vont également diminuer. Pascale Morinière, vice-présidente des Associations familiales catholiques, rappelle ainsi que « si le gouvernement éprouve le besoin de reparler du congé parental dans le cadre du budget, alors qu’il vient de le réformer, c’est bien parce qu’il en espère des économies ».

Lettre du MMM à Monsieur Manuel Valls

Le Mouvement Mondial des Mères a décidé le 24 octobre dernier d’écrire une lettre à notre Premier Ministre avec pour objet : Réforme du congé parental et « gauche du réel ». Dans ce courrier, le MMM prend Monsieur Valls au mot suite à son intervention sur BFM TV jeudi 23 octobre et lui fait des remarques ainsi qu’une proposition relatives à la réforme du congé parental.

Le MMM met en avant quelques défauts de cette réforme :

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– L’étude Insee Première 1492 de mars 2014 confirme que 3 femmes sur 4 gagnent moins bien leur vie que leur conjoint. Les témoignages affluent disant que ces familles seront dans l’impossibilité pour des raisons économiques de partager le congé parental entre les deux parents.

– Beaucoup de mères ayant un petit salaire (800 à 1300 euros) indiquent qu’aller retravailler avec un bébé à faire garder aurait un coût pour leur famille, l’équation salaire – coût du mode de garde – frais pour aller travailler donnant un résultat inférieur au 390€ de l’allocation de congé parental. Sachant que dans le type de poste qu’elles occupent, elles n’ont aucune évolution de carrière à attendre d’un retour plus rapide au travail.

– Au nom de l’égalité homme-femme, la réforme va créer une énorme inégalité entre les familles qui auront la chance d’avoir une place en crèche et tous ceux qui devront recourir à un mode de garde plus coûteux. Rappelons qu’à ce jour seuls 14% des enfants de moins de 3 ans ont la chance de trouver une place en crèche. La pénurie de modes de garde qu’une réforme ainsi accélérée va créer ne pourra qu’amplifier ce problème.

– Créer 275.000 solutions d’accueil dont 60.000 places de crèches a un coût : 2 Milliards d’euros investis d’ici à 2017. C’est un excellent investissement s’il est fait pour rendre un meilleur service aux familles et proposer des solutions de garde à ceux qui en cherchent. Mais si ces places ne sont créées que pour compenser le fait que des parents n’auront plus la possibilité de garder eux-mêmes leurs enfants alors qu’ils le souhaiteraient, est-ce vraiment malin ? Doit-on dépenser 2 Milliards d’euros pour ne pas rendre un meilleur service aux familles ?

– L’ambition affichée d’économiser sur l’allocation de congé parental en allongeant la période réservée à chaque parent sera complètement annihilée par le fait que le coût pour les finances publiques des aides aux modes de garde pour les enfants que les parents ne garderont plus dépasseront de loin l’économie réalisée.

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Et de terminer de façon intelligente et responsable je cite :

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Monsieur le Premier Ministre, la gauche du réel dans la situation actuelle des finances publiques et compte-tenu du fait que le congé parental est avant tout utilisé par les familles des classes moyennes et modestes serait de :

– Proposer 6 mois de congé parental à chaque parent au 1er enfant, ce qui véhicule la symbolique d’égalité, pourrait créer quelques vocations chez les jeunes pères et a l’avantage d’être une réforme économique ;

– Laisser les parents s’organiser librement à partir du deuxième enfant, pour leur faciliter la vie tout en évitant de gaspiller de l’argent public.

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Si vous êtes d’accord partagez largement cette lettre que vous trouverez en cliquant ici !

L’égalité oui, l’infantilisation non !

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