L’école a perdu sa capacité d’intégration, et est devenue un enjeu social très lourd

J’ai découvert récemment un article très intéressant sur Vousnousils.fr. Le rédacteur Olivier Van Caemerbèke a interviewé Boris Cyrulnik « le ‘psy’ le plus célèbre et le plus apprécié de France », qui a co-signé une tribune dans le Monde fin septembre : « Contre l’école inégalitaire, vive le collège du XXIe siècle » relative à la réforme du collège (à lire par ici).

L’école a perdu sa capacité d’intégration

Pour Boris Cyrulnik, l’école française a perdu sa capacité d’intégration. Les enfants « pauvres » représenteraient 2% des jeunes dans les études supérieures aujourd’hui, contre 10% du temps de sa génération. La cause selon B.C., l’éloignement des sources de culture, les bons lycées qui ne sont que dans certains quartiers. L’autre facteur serait la stabilité ou l’instabilité affective de l’enfance, qui aurait un effet conséquent sur la première rentrée des classes de l’enfant. Deux élèves sur trois, sécurisés affectivement, vivraient leur entrée à l’école comme une exploration amusante, alors que le troisième la vivrait comme un petit traumatisme, et souvent une épreuve pour les années suivantes.

L’impact affectif des enseignants

Selon Boris Cyrulnik, peu d’enseignants ont conscience de l’impact affectif qu’ils ont sur leurs élèves, y compris les enseignants motivés et bien formés. Les écoliers, les collégiens et même les lycéens seraient rassurés et réconfortés par le comportement de certains de leurs professeurs. Il suffirait d’une manière d’être, de parler, de reprendre une explication mal comprise, d’un encouragement, d’une appréciation… pour que l’enfant vive « un évènement émotionnel fort qui participera à structurer sa personnalité ». Tout ceci contribuerait même au choix de leur orientation dans telle ou telle filière !

Des profs-éducateur de moins en moins respectés

Mais comme B.C. le rappelle, les enseignants ne sont formés et payés que pour enseigner, même si leur rôle a évolué et qu’ils deviennent aussi, et malgré eux, des éducateurs dans une certaine mesure. C’est compliqué d’une part parce qu’il ne sont pas formés pour cela, et parce qu’en face d’eux a grandit ces dernières années une agressivité de la part des enfants, agressivité qui n’est pas née à l’école mais qui s’y développe malgré tout.

Boris Cyrulnik explique : « À mon époque nous faisions beaucoup de bêtises, mais nous admirions nos profs et cela ne posait aucun problème entre nous. » Le souci est que cette majorité d’élèves qui estiment leurs professeurs, ne fait pas le poids face aux quelques enfants rebelles d’aujourd’hui qui « impriment l’ambiance » de leur classe.

Aujourd’hui, rater ses études signifie rater sa vie

« L’enjeu social de l’école est devenu faramineux ». Les métiers de l’artisanat, d’ouvrier, du domaine du service etc. sont loin d’être valorisés, et pour un parent, un enfant qui rate sa scolarité a raté sa vie. B.C. déplore que l’identité sociale soit en partie définie par les diplômes. C’est pourquoi beaucoup de parents paniquent à l’idée que l’éducation nationale assouplisse les rythmes scolaires, et ceci même si de nombreuses études sérieuses prouvent que c’est un bien pour les enfants.

Pour B.C, le système éducatif français est une institution si lourde à manoeuvrer qu’elle lui semble impossible à réformer. Nous avons pourtant des exemples encourageants avec les pays nordiques, ayant des systèmes éducatifs qui sécurisent les tout petits, qui retardent même leur entrée à l’école, qui n’attribuent pas de notes en primaire, qui raccourcissent la durée des cours, qui confient des activités éducatives à des tiers issus du monde et de la culture ou du sport… Et la comparaison des chiffres semble être en leur faveur. Les pays Nordiques recensent 1% d’illettrés seulement, contre 10% en France. Le nombre de suicides d’adolescents au

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