{Aux éditions IIPH} Amina, une femme nigérienne, musulmane et féministe extraordinaire !
Amina. Un roman, qui mêle à la fois le tragique et l’espoir. Une histoire vraie, ou plutôt qui pourrait l’être, tant chaque détail est crédible. L’auteur, Mohammed Umar, nous propose une approche de la société nigérienne à travers le regard de femmes extraordinairement courageuses. Cette lecture m’a totalement bouleversée.
Alors que le courant dit « radical » du féminisme entend lutter aujourd’hui contre la corruption et la prostitution, il combat également l’influence des religions dans les sociétés. Le roman d’Amina prône quant à lui un féminisme plus authentique, luttant lui aussi contre la corruption et la prostitution bien sûr, mais engageant surtout des réflexions et des actions relatives à l’instruction des femmes, leur droit au travail, leur droit à vivre dignement au sein de la société, et ce peu importe leur origine et leur confession. Amina est un roman qui pointe par contre du doigt un système patriarcal extrêmement injuste face au sort des femmes, moins lié au fait religieux qu’au poids d’une culture ancrée profondément.
L’histoire…
Nous sommes au Nigeria. Amina est une jeune mariée et est la quatrième épouse d’Alhaji Harouna. Amina sort de l’université, ce qui représente une chance extraordinaire alors que la majorité des femmes nigériennes n’ont pas accès à l’instruction. Mais Amina découvre une vie oisive et paisible à Bakaro, dans la grande demeure d’un mari haut placé, grâce à un siège au Parlement de l’Etat. Chaque jour remplace l’autre, quasi identique, les rituels de sa nouvelle vie sont sécurisants.
Son amie Fatima, étudiante et grande militante en faveur d’une meilleure justice sociale tente de réveiller l’esprit d’Amina, consciente de son potentiel et de sa position au sein de la société nigérienne. Au fil des pages, Amina se rend ainsi compte de l’oppression que vivent les femmes de Bakaro, de la discrimination dont elles sont victimes face aux droits les plus élémentaires, et ce jusqu’aux tribunaux. Elle découvre le déséquilibre sanitaire, économique et social de sa société, sclérosée par des hommes politiques corrompus. Elle comprend avec effroi et suite aux témoignages qu’elle accueille petit à petit, la façon dont les ressources naturelles de son pays sont vendues, strictement pour enrichir quelques poignées de nigériens hauts placés. Elle apprend que les dettes que ces mêmes gens hauts placés multiplient, sont remboursées par le peuple lui même, alors qu’il peine à se nourrir.
Le féminisme africain
Le rêve d’Amina, permettre aux femmes l’accès à l’instruction pour leur ouvrir le champ des possibles, leur permettre de construire leur avenir, mais surtout résister, connaître leurs droits, s’émanciper d’un système qui ne donne que très peu de chances aux femmes. Permettre aux femmes l’accès au travail, lorsqu’elles sont seules surtout, divorcées ou veuves, permettre aux femmes de se réunir pour s’organiser en coopérative afin de devenir autonomes. L’accès aux soins aussi, à la justice lorsqu’elles sont victimes des pires atrocités, battues quotidiennement ou violées, et que la société entière les rejète, comme si elles n’existaient guère. Vous le découvrirez, Amina perdra beaucoup, mais même lorsqu’elle est au plus bas, elle relève la tête avec élégance et courage…
Ce livre des éditions IIPH vous surprendra par son bilan dramatique autant que par son optimisme. La figure d’Amina, femme musulmane et personnage charismatique, incarne je trouve le féminisme africain. Un livre vraiment très inspirant, qui allume quelque chose en nous, comme si d’un coup nous faisions partie de cette mémoire collective.
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