Interdiction de la violence éducative ordinaire, adieu Feu Madame la fessée !

violence éducative ordinaire

Je ne compte plus les articles  sur Oumzaza.fr parlant de Feu Madame la fessée. Hey oui, il y a quelques jours seulement nous avons appris la nouvelle : la violence corporelle est désormais interdite en France ! L’article 68 du texte législatif détermine en effet « l’exclusion de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles » pour les enfants. Un cadeau de fin d’année pour les chérubins et les parents qui avaient besoin de ce coup de pouce pour sortir d’un schéma éducatif arriéré ?

Une année de discussion et de votes

Il y a pile un an, la France se rendait à la convention internationale exceptionnelle à l’ONU de Genève, au comité des droits de l’enfant. En 2009 comme en 2015 (ce comité ayant lieu tous les 5 ans), la France a récolté une mauvaise note concernant différents sujets. Entre les enfants Roms qui n’ont ni accès aux écoles ni aux soins, mais aussi les statistiques indiquant qu’un enfant sur cinq vivrait dans une famille qui est estimée en dessous du seuil de pauvreté, ou encore les punitions corporelles… En février 2016, nous apprenions également que l’ONU, inquiète du sort de certains enfants en France, réclamait l’interdiction des punitions corporelles.

En juillet 2016 donc, l’Assemblait Nationale votait la mesure contre les violences corporelles dans le cadre de la loi « égalité et citoyenneté », envoyant le dossier au Sénat, puis faisant des allers-retours entre les deux jusqu’à la fin de l’année. Chose promise chose due, une année après les remarques de l’ONU, comme un bon élève sur l’estrade qui partage ses vœux à l’occasion des fêtes de fin d’année, l’interdiction des violences corporelles entre dans le code civil !

Une bonne nouvelle ?

En 2015 d’après un sondage de l’Ifop, 85% des parents avouaient avoir recours à la fessée pour disputer leurs enfants, et 70% des français affirmaient être contre l’interdiction des châtiments corporels. Les comportements humains ne se réforment pas du jour au lendemain, et la communication officielle tend à rassurer les concernés. Le vote de cette réforme est dans un premier temps un rappel qui vise à faire évoluer les mentalités. Il s’agit d’un symbole fort qui sera à présent répété lors des mariages civils, qui sera inscrit dans les livrets de famille, qui fera l’objet de campagnes de sensibilisation… Le nouveau texte de loi ne prévoit donc pas de nouvelles sanctions pénales contre les parents qui auraient encore recours aux châtiments corporels, le code pénal prévoyant déjà des sanctions contre les auteurs de violences physiques et morales sur les mineurs comme sur les majeurs.

C’est une bonne nouvelle lorsqu’on pense à la Suède, qui a proscrit les violences corporelles depuis 1979. En effet d’après le docteur Gilles Lazimi, de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire : « on sait que l’on a moins d’enfants qui décèdent de maltraitance, moins de délinquants, moins de tentatives de suicide, moins d’enfants placés et moins d’enfants qui vont devenir ‘addict’. Et on s’aperçoit aussi que quand il y a moins de violence dans la famille envers les enfants, il y a aussi moins de violence envers les femmes ». Idem lorsqu’on lit Daniel Marcelli, pédopsychiatre, pour qui la fessée est « un moyen de soumission et non d’éducation« .

Le bémol arrive lorsqu’on pense au Children Act, même si nous en sommes loin (relire : le « soupçon de maltraitance future », des familles détruites par milliers en Angleterre ). En effet, en lisant un article de l’Express, l’on ne peut s’empêcher d’imaginer les dérives d’une telle loi : « En ce qui concerne les châtiments corporels sur les enfants, aucun juge n’est dans l’intimité de la famille et ne peut vérifier ce qui s’y passe. Les enfants peuvent donc dénoncer eux-mêmes un châtiment corporel, le plus souvent auprès de l’école et des enseignants, qui peuvent ensuite faire des signalements. » (source)

La communication officielle et les différents articles de presse s’accordent aujourd’hui à dire que cette loi est avant tout symbolique, visant à faire évoluer les comportements positivement. J’ai personnellement hâte de découvrir les solutions d’accompagnement que proposera le gouvernement et le livret de sensibilisation qui pourrait aussi être publié à l’occasion de cette réforme.

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